Biographie
Tous les auteurs
Un semainier est un petit meuble de rangement à sept compartiments, un pour chaque jour de la semaine.
Le Semainier, un recueil pour chaque jour de la semaine...
Collection de poésie dirigé par Jean Hourlier
Cest juste un peu de buée. Là, en surface, toute mémoire sourde. La condensation dimages lointaines – les plus promptes à senfoncer dans un envers nocturne. Sous le miroir dencre, le temps sétait infiltré, pesant sur nous qui traversions une écume noire, tournions des sommeils coagulés. Soyons de rivière, lumière à rebours ou folie errante. Vivons de notre absence.
« Je ne vois plus que boue, cendre, dérive de la source. Où est le chant, où est lenfance, où est le rivage ?
Je ne vois plus le reflet de leau au fond des miroirs ; je nentends plus la corne de fraîcheur au tremblé des rêveries.
Tout se tait, séloigne et sefface.
Seul, le rougeoiement du ciel, au matin, est rouge dune attente qui embrase lhorizon. »
La pluie. Laube. La mélancolie – lespoir. Cest cette tension quhabite Dinfiniment de pluie et daube.
François Folscheid ne détourne pas son regard des « vérités sombres » : car ce sont « des vérités », quand « presque tout le reste est mensonge » (Paul Éluard, LÉvidence poétique). Perte, souffrance, attente..., thèmes du lyrisme mélancolique, chantent ici dune voix discrète et sans emphase, qui préserve lintime, la communication de cœur à cœur, presque le silence. « Et lombre en devenait amie. » (Patrice de La Tour du Pin, Une Somme de poésie, I).
tête hors de leau, tête sous leau, tu traverses
lespace de ta vie à fleur déquilibre,
à proximité de la folie, compagne
impérieuse qui raement séloigne,
te tient dans son ombre et tenlève tout libre
abandon aux joies du jour, cette perverse
« La pensée est un arc. […] Il n’est pas fréquent de savourer l’aurore, de piétiner dans le prône et ses dialectes embrassés. Si la pensée retarde la flèche, il y aura faconde ou lapsus, et cette préférence n’oblige à rien de futur. Les lèvres remuent : silence. Le verbe trop souple, trop fait, les saccades sans composition, les fétiches à poudrière pour répondre d’images sans gestes, c’est peut-être trop. Mais cet étau de mots […]. La cible est peut-être à ce prix d’or. »
« Il a fini par s’endormir. Son rêve, l’annulation de son rêve, demeure un siècle de formes, qu’on cisaille. Les pierres ont un conte pour le détail des fastes et des chances. Aveu d’une unique hirondelle, chaque ombre trouve à miroiter. Alors on parlera de règne ou de reste à proscrire. Il fera beau sur la plaine et l’ampleur. »
En écrivant Vision du Visage, Elisabeth Launay-Dolet a voulu rendre amour et hommage à une jeune femme venue de Pologne dans les années 1920 pour travailler à Clermont-Ferrand comme ouvrière d’usine : sa grand-mère. Déjà orpheline de père, celle-ci se trouva sans doute trop démunie lorsqu’elle accoucha, en 1926, à vingt-deux ans, de la mère de l’auteur. Elle confia son enfant à l’Assistance Publique et sa trace se perdit dans la nuit.
Ce recueil dit la recherche du visage aimant et douloureux d’une grand-mère sublimée par la poésie. Car les renseignements collectés à Clermont et aux Archives Départementales (depuis l’annonce impromptue, il y a seulement quelques années, de ces racines polonaises) sont restés maigres. Et le lieu de naissance en Pologne de cette mystérieuse grand-mère, qui a été mal orthographié sur les registres français, demeure incertain.
« J’étais derrière ton mur de silence les prunelles
décolorées à l’écoute
De la nuit qui avançait sur le crépuscule, de la haine qui l’emportait sur la nuit.
Et j’invoquais l’ange de lumière dans des éclairs rouges et noirs, la terre
Humide qui gronde et crache les corps qu’elle absorbe en gerbes sulfureuses.
Tu vomissais des territoires entiers que je recueillais en mes mains de
Géographe.
Je te lisais les Chants de Maldoror. »
« Déni »
Pierres d’attente a pour thème le face à face de l’homme et du minéral. Deux mouvements animent tour à tour cette confrontation : le premier, consacré à l’évocation de paysages minéraux, est placé sous le signe du grandiose, du sublime, de l’altérité immobile posée en regard du vivant ; le second, centré sur d’étonnants galets-têtes de cri, fait porter l’intérêt sur le petit, le pathétique, la fraternité inattendue de l’homme et de la pierre.
Rais de soleil dans l’hiver est le recueil d’un qui « ne triche pas / pour parvenir à la lumière ». La force de l’écriture, lyrique sans emphase, de Jean-Noël Guéno, provient de sa justesse à dire la fraternité avec les humbles, les opprimés, les dézingués.
Jean HOURLIER, loin de prôner un retour (illusoire) au passé ou de céder à un modernisme de convention, ne tend à rien dautre que de donner au verbe poétique toute sa force.
La poésie ne cherche ni à démontrer, ni à proposer, ni à distraire, ni même à faire rêver. Elle se dépose à peine comme une buée sur la vitre, celle sur laquelle, pour un temps si court, on pourra dessiner tous ses destins, tous ses hasards.
JLB