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La fenêtre côté jardin
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Au matin, une fenêtre s’ouvre sur un jardin. Des oiseaux le visitent au long de la journée, merle, moineaux, oiseau boute-feu, coucou, rouge-gorge, tourterelles. Le soir tombe. Voilà tout ; et là est l’essentiel.
Si la « vérité poétique » est dans l’adéquation rei et spiritus, c’est bien cette vérité qui est atteinte, ici, dans le livre de Bernard Bourel, écrit, et médité, à La fenêtre côté jardin. Le réel est saisi par l’observation créatrice, et s’installe dans le temps de la contemplation poétique au rythme d’une coulée sans hâte (« la coulée / De vivre »), d’une tension continue et tranquille, fluide jusque dans ses pauses. Une présence sans ostentation, presque immobile (« C’est seulement pour être de compagnie / Que je me retiens de bouger »), presque transparente (quoique le regard soit plus d’une fois empreint d’humour), se tient dans l’attente : non dans l’attente de l’événement, mais dans l’attente de l’attente, dans l’accueil, dans la paix de l’attente. Très exceptionnellement, il arrive que l’angoisse humaine affleure, révélant tout un arrière-plan de quiétude tumultueuse.
Cette poésie, économe de ses mots et de ses effets, qui traverse délicatement dans les deux sens La fenêtre coté jardin, est intense en raison même de sa retenue.
J. Hourlier